Article publié sur Capital.fr le 09/10/2017
À l’occasion des 50 ans de la mort de Che Guevara, nous nous sommes demandé ce qu’avait retenu Jean-Luc Mélenchon, chef de parti de La France insoumise, des leçons du guérillero. Réponses en six points clés.
Une même veine populiste : Oui
Jean-Luc Mélenchon le revendique : Che Guevara compte parmi ses modèles. Le leader de la France Insoumise (FI) s’en inspire. C’est sans doute volontairement qu’à l’instar de son mentor, Jean-Luc Mélenchon est adepte d’un discours franc, direct, et quelque peu dénué de diplomatie. Il n’hésite pas à frapper du poing sur la table. Et tout comme pour le Che, cette caractéristique lui attire de nombreux partisans et admirateurs, mais aussi de multiples ennemis. Cécile Alduy, chercheuse associée au Cevipof à Sciences Po a récemment décrypté le discours de Jean-Luc Mélenchon qui "porte les traces de cette instabilité de la veine populiste, teintée parfois de violence verbale, anti-élite et anti-germanique, parfois d'universalisme bienveillant…".
Deux anticapitalistes : Oui
En France, l’héritage du Che est principalement perpétué par les partis de gauche et d’extrême gauche. Le président de la République François Mitterrand disait même "le combat de Guevara est celui des hommes libres". Peut-être est-ce ce qui a attiré Jean-Luc Mélenchon dans les rangs des militants mitterrandiste durant ses débuts en politique ? Comme Che Guevara, il porte l'ambition d’un rassemblement des partis, souhaitant rallier toutes les gauches à sa personne, sur une ligne politique antilibérale, voire anticapitaliste. Comme tout communiste qui se respecte, Jean-Luc Mélenchon fait du capitalisme l’ennemi à abattre. Selon lui, ce système économique est "le premier ennemi de la démocratie", estimant qu'il "s'est fracassé du fait de ses propres contradictions". Durant ses différentes campagnes, Jean-Luc Mélenchon a appelé de ses vœux à une "Assemblée constituante fondatrice de la VIe République". Il a dénoncé à plusieurs reprises une "monarchie présidentielle" qui, "à l’époque du pognon généralisé" abrite cette "corruption qui petit à petit se généralise".
Un même combat contre l’impérialisme américain : Oui
Che Guevara était persuadé que les pays d’Amérique latine étaient exploités par les Etats-Unis. Jean-Luc Mélenchon remet en cause régulièrement cette hégémonie américaine. Durant toute la campagne présidentielle de 2017, il a fait de la sortie de l'OTAN le point central de son programme de politique étrangère, affirmant que l'organisation conduit à la "guerre" et qu'elle est un outil de "soumission aux États-Unis".
Des défenseurs de la guérilla : Non (Mélenchon ne va pas aussi loin)
Comme Che Guevara, Jean-Luc Mélenchon est contre l'exploitation du tiers monde et contre les privilèges. N’est-il pas d’ailleurs surnommé le "Chavez Français", du nom d’Hugo Chavez, l’ancien président Bolivien, qui s’est aussi largement inspiré du Che ? Pour Che Guevara, la lutte armée était le seul moyen qu’avaient les classes sociales inférieures d’améliorer leur vie. Jean-Luc Mélenchon appelle régulièrement à la révolte, à la manifestation et à l’insoumission, qu’il défend jusqu’au nom de son parti. En 2017, il va jusqu’à comparer les révoltes au Venezuela aux manifestations contre la loi El Khomri. Lors des dernières manifestations contre la loi travail il est même allé jusqu'à affirmer que "c’est la rue qui a vaincu le nazisme". Cependant, contrairement au Che, Mélenchon ne défend pas la lutte armée comme le seul moyen pour le peuple de reprendre le pouvoir, et n’appelle pas à la prise d’armes.
Un attachement sans faille à Fidel Castro : Oui et non (Mélenchon a pris ses distances)
S’il a longtemps soutenu Fidel Castro, aux côtés duquel se battait le Che, Mélenchon a fini par admettre, à la mort de Lider Maximo, qu'il n’était pas d’accord avec la politique menée à Cuba. Reste une question : qu’aurait fini par en penser lui-même le Che s’il était resté en vie plus longtemps ?