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Scandale du Médiator : "J'entends le tic-tac de la valve mécanique"

Photo du rédacteur: Alexandra EdipAlexandra Edip

Article publié dans le journal L'Humanité le 21 Mai, 2013


TÉMOIGNAGE. Madame Radufe a consommé du Mediator pendant deux ans. Les séquelles du benfluorex lui sont aujourd’hui insupportables.


À demi-mot, comme si elle ne voulait en faire qu’un lointain souvenir honteux, cette Brestoise de soixante ans évoque son premier contact avec le Mediator. " C’est en 1999 que mon médecin m’en a prescrit pour maigrir."  Pourtant, déjà à cette date, le médicament ne devait être prescrit qu’aux diabétiques en surpoids. À la même époque surgissent les premiers cas d’insuffisance aortique. Malgré cela, madame Radufe en consommera durant deux ans.


En 2001, à sa grande surprise, elle souffre d’un souffle au cœur. Le couperet tombe : "Les cardiologues m’ont diagnostiqué une insuffisance mitrale." Les consultations médicales persistent au même rythme que ses symptômes. Son médecin établit finalement un lien entre les problèmes cardiaques de sa patiente et le Mediator, mais le mal est déjà bien installé. L’insuffisance mitrale fait grossir le cœur, qui ne joue plus son rôle de pompe. Les médecins décident de lui installer une valve mécanique.


Elle entre à l’hôpital en août 2011. Elle parle douloureusement de l’opération : "Il y a eu de fortes complications, on m’a gardé plus d’une semaine". C’est lorsqu’elle évoque les séquelles de son opération que madame Radufe semble le plus asthénique. «"Ça fait un bruit infernal. J’entends le tic-tac à longueur de temps, qui ne me laisse aucune chance d’oublier cette terrible opération".  On prescrit à madame Radufe, alors en fauteuil roulant, des séances de rééducation. "Je n’ai pas pu aller au bout car les exercices me faisaient trop mal". 


Depuis, elle a beaucoup de mal à se déplacer. et ne sort plus de chez elle. "Je saigne du nez, j’ai les yeux rouges et j’ai grossi, lâche-t-elle avec colère. J’ai vu la mort de plus près. J’y pensais parfois, mais aujourd’hui son ombre plane au-dessus de moi tous les jours".  Endettée à cause des frais liés à sa dépendance et à ses soins, elle a décidé de s’installer près de chez sa fille à Nantes.


On devait lui poser une prothèse aux genoux, mais, indignée, elle s’exclame : " Je ne peux pas subir une nouvelle opération, j’ai peur que mon cœur lâche !" Après avoir lu le livre d’Irène Frachon, elle engage maître Oudin. À l’"abominable Servier", dont elle pense qu’il sortira indemne du procès, elle demande des réparations financières.

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©Alexandra Edip

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