Cuir, foulard, barbe et rock psychédélique : c’est un tout nouveau Johnny qu’on découvre en 1969. Entouré de nouveaux musiciens, il prépare un spectacle au Palais des Sports de Paris, le premier d’une longue lignée à la mise en scène hors normes.
Dix ans après avoir été révélé au public, le gamin qui "faisait trop de bruit"1 est devenue "L’idole des jeunes", du titre de 1962. Contraint de s'arrêter durant six mois après un accident à Johannesburg, il reprend la route pour une série de concerts. Cet arrêt lui aura été bénéfique. Avec de nouveaux musiciens, Tommy Brown et Mick Jones, - qui travaille avec Eddie Vartan, le frère de Sylvie, sa femme -, il propose un autre style. "J’ai abandonné ce côté cuivre, ce côté trompette derrière, pour renforcer le son de guitare. Au lieu de chanter 80 % de chansons commerciales, j’en chante beaucoup moins, je fais plus du style blues”, précise-t-il"2.
Il bat le record d’audience des Beatles
Mars 1969 : pour rôder sa tournée, trois concerts sont donnés au Canada. "J'espère que vous avez aimé, le nouveau style de blues, Que nous avons essayé de créer pour vous", chante t-il dans son nouveau titre, Je suis né dans la rue. Que ce style ait plu, c’est peu dire. Au concert donné à l’Arena Paul Sauvé, le 15 mars, Johnny bat le record d’affluence des Beatles : 9 200 spectateurs, contre 8 000 pour les Anglais3. "Au Canada, les filles du public se tirent aussi les cheveux, mais en silence. En France, elles hurlent et montent sur scène. Le public Canadien applaudit après chaque chanson, les Français se déchaînent pendant", raconte t-il4.
Un show "de l’an 2000"
De retour en France, il est prêt pour le Palais des Sports, où il joue entre le 25 avril et le 4 mai. Il veut mettre au profit son expérience de ses dernières années pour faire des choses plus valables5. Johnny propose du jamais-vu. Cascadeurs, cracheurs de feu, danseurs, Gogo Girls, un fakir, et même un combat de boxe, durant lequel il chante Caché derrière mes poings. Quatre ballons de 8 mètres de diamètre survolent le tout. On y projette des images de volcan, de fauves, des archives de guerre, ou du ghetto de Varsovie6. 100 000 spectateurs assistent à ce que Rock & Folk qualifie de “show de l'an 2000”7.
Son dernier succès, Que je t’aime, provoque de nombreux malaises chez les admiratrices8. "C’est plus qu’un chanteur, c'est un personnage. Sur scène, il est inégalable", raconte une fan9. Et la folie Johnny n’est pas prête de s'arrêter…
Légende :
1 : Interview de Johnny Hallyday dans Provence Actualités, à l'issue de son concert donné à Marseille le 27 décembre 1969
2 : Johnny Hallyday interviewé à Genèves 1969
3 : Johnny immortel - 1948-2017, Frédéric Quinonero
4 : Johnny Hallyday, "Au delà de l'écran", l'ORTF, 10 avril 1966
5 : Documentaire Un Puncheur Au Palais Des Sports, 19 Avril 1969
6, 8 : “Johnny Hallyday : des archives mythiques de 1969 prochainement publiées”, Sud Ouest, 3 mars 2020
7 : Magazine Rock & Folk no 29, juin 1969, article de François-René Christiani
8 : Archives INA, 1968 : Johnny Hallyday, l'idole des jeunes filles