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Une brève histoire du sexe à Paris

Dernière mise à jour : 5 mai 2022


Salon de la rue des moulins, peinture d'Henri de Toulouse Lautrec, musée d'Albi.

Cabarets, prostituées, libertins... Paris a la réputation d'être la ville de tous les plaisirs. A raison ? Le journaliste spécialisé en urbanisme et auteur  de Histoire(s) du Paris Libertin, Marc Lemonnier retrace l'histoire sexy de Paris.


"Voulez-vous coucher avec moi ce soir" ? Une étude Ifop de 2017 révèle que la capitale est un vrai laboratoire des pratiques et expériences sexuelles. Ainsi, 43% des Parisiens auraient une sexualité plus débridée que le reste des Français. Un phénomène qui s’explique en partie par la densité de population, mais pas seulement. Paris est vue comme la ville érotique par excellence. Une image nourrit tant par son histoire que les mythes qu'elle a fait naître.


Difficile de savoir d'où Paris tient cette réputation, selon Marc Lemonier, journaliste spécialisé en urbanisme et auteur de Histoire(s) du Paris Libertin. "C'est une ambiance constante. C'est la ville où tout et possible". Contrairement à d'autre pays plus conservateurs - Italie ou Angleterre -, les Français, et en particulier les Parisiens, n'ont jamais souffert de législation restrictive sur leur vie sexuelle. Grâce aux récits galants, la vie sexuelle des rois français est aussi connue que leurs action publiques. "Henry IV était en érection 24 heures sur 24", détaille Marc Lemonnier. La Pompadour ou la comtesse du Barry, maîtresses de Louis XIV, font tout aussi partie de l'histoire de France, tant elles ont influencé le Roi Soleil. Les souverains étrangers venaient d'ailleurs à Paris pour "la tournée des Grands-Ducs", - comprendre le tour des bordels.


Populairement, la réputation de Paris est associée la libération sexuelle de Mai 1968. "Sauf que le libertinage est d'abord un désir de liberté religieuse. Et Paris était déjà la ville des libertés sexuelles avant 68" explique le journaliste. Les révoltes de mai marquent plutôt la dissolution du modèle familial traditionnel : le sexe et le plaisir doivent passer avant les liens sacrés du mariage. Bien avant mai 68, le libertinage connaît son apogée au XVIIIème siècle en France. Deux siècles plus tard, dans les années 1920, les femmes commencent à exposer leur poitrine dans les cabarets. "A cette époque, le striptease n'existe pas, il n'y a pas d’effeuillage : les filles dans les spectacles dansaient dénudées" détaille Marc Lemonier. Dans la décennie suivante, l’ambiance libertaire qui règne dans les classes ouvrière répand la liberté sexuelle à l'ensemble de la société.


Les bordels parisiens : une renommée internationale


Mais les femmes ont toujours été les grandes perdantes de la libération sexuelle constate Marc Lemonnier : "L'érotisme a toujours été destiné aux hommes, car lié à des filles à poil. Les prostituées sont des femmes. Pourquoi on n'afficherait pas un peu plus de mecs nus pour rétablir l'équilibre?" questionne-t-il. Jusqu'au second Empire (1848-1870), les bordels parisiens étaient considérés comme les meilleurs du monde : les femmes y sont plus belles, plus libérées. Cette réputation tient aussi aux spectacles : Paris a toujours produit des vedettes, chanteuses ou danseuses, qui étaient érotisées. "Une tendance qu'on retrouve également chez des actrices contemporaines comme Brigitte Bardot, devenue sex-symbol et porte-parole pour toute une génération".


Dans certains quartiers parisiens, la culture du sex est historiquement ancrée. "La rive droite a toujours été plus chaude que la rive gauche" affirme l'écrivain. Même si la tendance s'est estompée, le quartier de la rue Amelot (11ème arrondissement) reste le coin fétichiste de la capitale. Tout comme la rue Saint-Denis, historiquement liée à la prostitution ou encore Pigalle et les sex-shops. D'autres villes du monde ont, dans l'histoire, suivi ce mouvement de mode. Londres rassemblerait plutôt les fétichistes, Berlin les libertins, Barcelone les prostituées, New-York et San Francisco les gays.

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